L'écologie
politique :
"L'écologie
politique ne date pas d'aujourd'hui : l'écologie politique est née
en 1974. Le courant dont vous allez peut -être lire ce manifeste
est né en même temps. En 1981, le projet de manifeste du Mouvement
d'Ecologie Politique qui devint d'ailleurs un texte d'orientation
des "Verts" était titré "Ecologie politique ou alternative à composante
écologiste". Dès le départ, en effet, ceux qui constataient que
les idéologies existantes étaient incapables de rendre compte à
la fois de nos objectifs et des problèmes que nous rencontrions,
se trouvaient confrontés aux deux erreurs majeures entre lesquelles
se partagent nombre d'écologistes.
La première voie , voulait au nom du terrain et du concret rester
le nez sur les problèmes sans sérieusement analyser les causes.
L'écologie politique était pour eux l'écologie des écologistes de
terrains qui par ailleurs, pour "faire pression", se présentaient
aux élections. "
Présentation
:
Les
sociétés contemporaines sont traversées par des interrogations d'un
type nouveau qui conduisent à une perception nouvelle de l'écologie
comme de la politique.
D'une
part, les pollutions ne sont plus d'abstraites menaces pour la planète.
Elles sont perceptibles dans la vie quotidienne et nous frappent
dans ce que nous avons de plus cher. Personne ne conteste plus,
par exemple, que l'augmentation des bronchiolites et de l'asthme
chez les nourrissons est liée à la pollution de l'air dans les villes.
D'autre part, il y a cette interrogation lancinante : le chômage,
la montée de l'insécurité dans les villes, la désertification rurale,
le stress de la vie quotidienne, doivent-ils être acceptés comme
une fatalité ?
Longtemps,
nous avons considéré les inconvénients de nos sociétés industrielles
comme le prix à payer pour les avantages quelles nous apportaient.
On s'autorisait à "polluer un peu" compte tenu que l'activité économique
participait à la réduction des inégalités, au plein emploi et offrait
l'espoir d'un avenir meilleur.
Aujourd'hui
la coupe est pleine. On s'aperçoit que le prix à payer pour ces
pollutions du quotidien est très élevé du point de vue de notre
santé, et que les avantages liés à cette société industrielle sont
en voie de disparition.
Le
fait de rechercher des solutions aux maux qui rongent la planète
Terre est-il contradictoire avec la recherche de solutions aux problèmes
économiques et sociaux, comme le croient les partis traditionnels?
Ne
doit-on pas, au contraire, analyser ces problèmes sous un jour nouveau
? N'y a-t-il pas des origines communes à la pollution de la planète
et à la gangrène du chômage, au déséquilibre urbain/rural ?
Quels sont donc ces phénomènes qui aboutissent au mal vivre, au
stress et à la dégradation de l'environnement, dans toutes nos sociétés,
au Nord comme au Sud ?
Tel
est le sens de notre réflexion. Pour la Confédération des Ecologistes
Indépendants, l'écologie, c'est l'organisation d'un milieu et d'un
écosystème pour une vie harmonieuse de la faune, de la flore et
de l'Homme qui y participe. Il est donc indispensable que l'écologie
et le social reprennent ensemble le pas sur le tout économique.
ETAT DES LIEUX DE 20 ANS DE DEREGULATION EFFRENEE
Des
problèmes écologiques aux rudes réalités de la mondialisation économique
:
Grâce
au Commandant Cousteau et aux sommets internationaux, comme ceux
de Rio, de Kyoto, de Buenos Aires, toutes les générations des peuples
du Monde ont pris conscience des problèmes écologiques qui menacent
l'existence même de notre planète.
Aujourd'hui, le lien se fait quotidiennement entre l'effet de serre,
la destruction de la couche d'ozone, la pollution de nos fleuves
et de nos océans et les problèmes nouveaux auxquels nous sommes
confrontés dans la vie de tous les jours : maladies de la peau,
allergies, plages interdites, atmosphère urbaine irrespirable, dérèglement
de notre climat.
Les
sociétés de l'hémisphère Sud mettent en évidence d'autres phénomènes
planétaires plus complexes. Le réchauffement de la planète, la déforestation,
l'appauvrissement de la biodiversité, la désertification, la surpopulation
nous alertent de plus en plus. A Madagascar, par exemple, la forêt
en voie de destruction comprend 12000 espèces dont seulement 4000
ont été étudiées. Quand on connaît la valeur de certaines plantes,
comme la pervenche de Madagascar, puissant anticancéreux, on ne
peut être que révolté contre ceux qui, par mercantilisme ou par
bêtise, appauvrissent ainsi le patrimoine de l'Humanité.
La
négligence et la mauvaise volonté suffisent-elles, cependant, à
explique ces grandes pollutions, ou, ne doit-on pas trouver leur
origine dans les mécanismes économiques qui les suscitent et les
font prospérer ? Etudions la question à l'aide de trois exemples.
1°)
On observe que le développement des transports à l'échelle transcontinentale,
responsable d'une grande partie de la pollution atmosphérique, est
la conséquence de la spécialisation des territoires du monde, corollaire
de la dépendance économique des peuples et des États vis-à-vis des
marchés mondiaux. A l'échelle d'un continent, l'Europe, la pollution
de notre air a des origines analogues. Elle résulte du développement
du flux des transports interrégionaux issu de la spécialisation
des activités par région. Elle est accentuée par l'accroissement
de la circulation à l'intérieur des villes, liée à la sur-concentration
urbaine et à la ségrégation spatiale, entre les zones résidentielles,
les zones d'activité, les zones culturelles et commerciales.
2°)
Autre exemple, celui de l'agriculture céréalière, principal facteur
de la pollution des nappes phréatiques et de la destruction des
paysages de bocage, inonde les marchés agricoles de l'hémisphère
sud. Elle ruine ainsi l'agriculture vivrière et détruit les solidarités
rurales pour précipiter les habitants dans les grandes villes. Dans
le même temps, l'inquiétude règne quant à la qualité de l'eau consommée
dans les pays de l'hémisphère Nord. L'augmentation régulière du
prix du mètre cube traduit l'ampleur de plus en plus grande du travail
de dépollution réalisé par les multinationales en situation de quasi-monopole.
Ce
sont les contribuables qui doivent donc payer la facture liée à
l'emploi excessif d'engrais et de pesticides par une agriculture
productiviste, au seul motif qu'elle exporte et rapporte des devises.
3°)
Pour clore la boucle, c'est dans les bidonvilles des mégalopoles
du Tiers-Monde, engendrés par l'exode rural par l'exode rural des
paysans ruinés, que les grands groupes industriels mondiaux trouvent
de la main-d'œuvre à bon marché. Celle-ci, avec l'absence de réglementation
environnementale, favorise la baisse des coûts de production et
les délocalisations. A l'autre bout de la chaîne, dans les pays
développés, le chantage à la délocalisation est un frein à l'instauration
d'une législation environnementale efficace. Il y a donc bien un
processus économique qui génère et semble rendre fatale la montée
des désordres écologiques en même temps qu'il accentue l'enlaidissement
du cadre de vie, le déracinement, le sentiment de solitude, le stress...
Ce processus porte un nom : C'est la mondialisation économique.
Or,
le terme de mondialisation est utilisé à l'heure actuelle pour désigner
tout et n'importe quoi. Cette utilisation qui tourne autour du mythe
du village planétaire sert à confondre des phénomènes de natures
radicalement différentes, comme la mondialisation économique d'une
part et le développement mondialisé de communications ultrarapides
d'autre part ; à confondre aussi d'ailleurs la mondialisation économique
des échanges de biens et services et d'autre part la mondialisation
financière. Grâce à cette confusion, on en arrive même à suggérer
que ce seraient les progrès techniques dans les communications,
que ce serait Internet qui engendreraient la mondialisation financière
et que celle-ci aurait engendré la mondialisation économique.
Le
mythe du village planétaire:
L'Histoire
nous montre par sa chronologie et ses enchaînements que la réalité
est inverse.
En 1975, le demi-échec, demi-succès du Plan Fourcade sous Valéry
Giscard d'Estaing, montre bien que déjà, l'ouverture des frontières
menaçait en France l'existence du circuit et les possibilités d'une
politique keynésienne de lutte contre le chômage (nous développerons
plus loin ces notions de circuit et de politique keynésienne).
En 1981, la mondialisation de l'économie française est déjà une
réalité. Le taux de dépendance de notre économie a en effet doublé
en l'espace de dix ans. Ainsi, l'économie française perd le moteur
de sa demande intérieure.
Pourtant, il faut attendre Janvier 1987, pour que la France cesse
d'être en régime de contrôle des changes. Ce n'est donc, qu'à partir
de cette date que vont commencer à se déchaîner les mouvements de
capitaux. Mais, entre 1975 et 1987, la mondialisation économique
s'est déjà réalisée avec l'accroissement du taux de dépendance,
et cela sans que la France n'ait pu subir grâce à ce contrôle des
changes, les conséquences de ces mouvements de capitaux. C'est donc
plutôt, sous la pression du développement des échanges économiques
matériels que l'on a aboli le contrôle des changes et qu'ont pu
se déclencher ces fameux mouvements.
Enfin, même en 1988, la France ignorait statistiquement Internet.
D'autre part, à l'échelle mondiale, Internet n'avait absolument
pas atteint le développement de ces cinq dernières années.
La
conclusion apparaît clairement, c'est sous la pression des échanges
économiques matériels que se sont développés les mouvements de capitaux,
et enfin, c'est bien après le développement des mouvements de capitaux
que se sont développées au niveau mondial, les communications ultrarapides,
ainsi qu'Internet. Il semble donc difficile de confondre les conséquences
du développement de ces technologies et de leur rapidité avec les
conséquences de la mondialisation économique. On se trouve devant
des phénomènes qui peuvent, à la limite être opposés.
Le
développement formidable des moyens de communication au travers
des autoroutes de l'information, dont Internet est le symbole, a
débouché sur le concept de village planétaire. Ce concept-slogan
vise à donner une image bucolique et idyllique de la globalisation.
Puisque la communication est de plus en plus aisée, les frontières
économiques et politiques n'auraient plus de raison d'être. Il faudrait
donc instaurer le libre-échange généralisé des capitaux et des marchandises
et réduire au minimum les prérogatives des Etats Nations au profit
d'organismes supranationaux.
La
Confédération des Ecologistes Indépendants considère ce concept
comme abusif, mystificateur et inefficace. Il est abusif car seule,
une minorité de l'humanité aura accès à cette révolution de l'information
qui tend, par ailleurs, à uniformiser l'accès au savoir au travers
des normes culturelles américaines. Il est mystificateur car, sous
prétexte de modernité, il tend à rayer d'un clic de souris la spécificité
des écosystèmes humains et politiques qui structurent la vie de
la planète, et dont la forme la plus achevée est l'Etat Nation.
Il
est inefficace, car aucun des problèmes rencontrés par l'humanité
n'a pu être résolu, sans prendre en compte ces spécificités.
Ce
concept veut donner l'impression d'une certaine convivialité. C'est
le contraire qui se passe.
La
perception de l'espace devient de plus en plus parcellaire : on
se dote de lieux (domicile, voiture, bureau...), autour de sa propre
personne, isolés les uns des autres. On ne se touche plus, on n'est
plus solidaire. On tombe dans la précarité et l'on se recroqueville
sur soi, sans personne à qui communiquer son amertume du monde.
La
fracture sociale n'est pas seulement économique, elle est aussi
culturelle. Parallèlement à l'isolation mentale des précaires, se
développe une élite mondialisée de décideurs élégants qui, de colloques
en dîners mondains, dirige le monde et manipule l'opinion.
Paradoxalement,
plus cette nouvelle classe voit ses prérogatives grandir, plus la
situation se détériore. La réalité sociale ressemble de plus en
plus à la rencontre du savant fou et du lapin de laboratoire.
Fidèle
à la devise du "Penser Globalement, Agir Localement", la Confédération
des Ecologistes Indépendants estime que seule une coopération entre
Etats souverains, placés sur un pied d'égalité, permettra de lutter
contre les catastrophes qui menacent la Terre, dans le respect de
l'identité de chacun. Mais, toute solution globale uniforme, imposée
par en haut, est en effet, antinomique avec la spécificité et la
diversité des écosystèmes qui irriguent la planète.
"
L'abandon " du système de la solidarité " fordiste " : vers une
économie schizophrène :
Les
bouleversements entraînés par ce que l'on a improprement appelé
la " crise " sont beaucoup plus que des bouleversements économiques
: par la pollution et le chômage, ils touchent à l'écologique, le
social, l'humain.
Certes,
au départ, cette crise fut d'abord économique, elle ne fut pas autre
chose que l'ensemble des sous-produits de la grande mutation qu'ont
connus les économies nationales, c'est-à-dire, le phénomène de mondialisation
économique que nous avons déjà évoqué. La mondialisation des économies
a été le résultat du passage des seuils dans un processus continu
qui était le processus d'accroissement de la dimension moyenne des
marchés des économies considérées, seuil détectable grâce au taux
de dépendance des dites économies. Ce processus est connu aussi
sous le nom de " division technique internationale du travail ",
ou encore, sous l'appellation " éloignement entre producteur et
consommateur "
. Ce
passage du seuil dans un processus continu d'ouverture des économies
a engendré une rupture, a transformé la nature des économies,
les a rendues non maîtrisables par leur gouvernement et donc,
par les citoyens. En cassant ce qui assurait le succès du fonctionnement
des économies en circuit, ce passage de seuil a du même mouvement
rompu les mécanismes qui avaient assuré pendant cette période des
Trente Glorieuses, souvent appelée " période fordiste ", la croissance,
l'absence de chômage, et avec la prospérité le développement d'une
protection sociale particulièrement efficace.
En
effet, l'économie fordiste repose sur un double moteur, le marché
intérieur et le marché extérieur, mais le marché intérieur, protégé,
organisé en circuit, en est le principal élément. Le circuit permet
aux revenus distribués par l'Etat ou par les entreprises de stimuler
la demande intérieure en biens de consommation, laquelle à son tour
favorise la production intérieure, la création d'emplois.
Une
économie fonctionne en circuit tant qu'une injection de pouvoir
d'achat dans l'économie nationale crée plus d'emplois, grâce à l'augmentation
de la consommation intérieure, qu'elle n'en fait disparaître à cause
de la baisse des exportations. C'est sur cet équilibre qu'a reposé
la prospérité des Trente Glorieuses.
La
volonté de donner la primauté absolue au développement du commerce
extérieur sur le développement de la demande intérieure, et donc
à la lutte contre l'inflation par rapport à la lutte contre le chômage,
fut un choix politique. Comme nous l'avons vu plus haut, il a précédé
la libéralisation des capitaux, la révolution technologique des
communications en temps réel. Il n'a pas été déterminé, il a été
déterminant. L'abaissement généralisé des droits de douanes, la
fin du système des parités fixes entre monnaies (système de Brettons
Wood), nous ont fait entrer dans une ère de dérégulation généralisée.
L'accroissement de la dimension des marchés, vers un niveau mondial,
est un phénomène continu dans l'Histoire. Mais, depuis 20 à 30 ans,
peu à peu, les économies nationales franchissent, une à une dans
ce processus, un seuil, le seuil de la mondialisation, c'est-à-dire,
le moment où le marché intérieur s'efface au profit du marché extérieur,
où les Etats perdent tout moyen de maîtriser leur économie nationale.
Aujourd'hui, on peut encore opérer un choix inverse.
Cet
abandon fut accompagné d'une campagne de discrédit contre la politique
keynésienne. En effet, à plusieurs reprises, au cours des Trente
Glorieuses, certains gouvernements ont utilisé les instruments des
politiques keynésiennes, comme l'injection de pouvoir d'achat non
pas pour retrouver le plein emploi comme le préconisait Keynes,
mais pour stimuler la croissance alors que l'on se trouvait dans
une situation proche du plein emploi. De ce fait, des économistes
ont profité de la confusion provenant de l'utilisation d'instruments
keynésiens, pour incriminer les politiques keynésiennes.
Or, Keynes avait toujours subordonné l'utilisation de ces instruments
à des conditions strictes qui étaient entre autres, l'existence
d'un chômage important provenant d'une insuffisance de la demande
et l'existence d'une offre capable de répondre immédiatement à cette
demande. L'absence de ces deux conditions entraînait ipso facto
des tendances inflationnistes. Or, ces deux conditions n'existant
pas à l'époque, il était difficile d'intituler " politique keynésienne
", la simple utilisation d'instruments utilisés dans les politiques
keynésiennes.
Mais n'avait-on pas déjà décidé qu'il fallait changer de variable
d'ajustement ? Certains avaient déjà diffusé l'idée que la variable
d'ajustement devait devenir le chômage et non plus l'inflation,
que la priorité devait être donnée à la lutte contre l'inflation
par rapport à la lutte contre le chômage. L'échec de ces pseudo
politiques keynésiennes, du fait de l'inflation, était une occasion
de " jeter le bébé avec l'eau du bain ", c'est-à-dire, rejeter les
économies maîtrisables et en circuit et les politiques keynésiennes
qu'elles permettaient avec les détournements d'instruments qui avaient
été effectués en son nom. L'ouverture des frontières, en détruisant
les circuits rendait inopérante toute tentative de politique keynésienne.
La conclusion officielle apparaît ainsi : les politiques keynésiennes
ne sont plus applicables parce qu'elles sont porteuses d'inflation
(et non pas parce que les conditions prévues par Keynes ont disparu).
L'Etat, dans sa capacité à réguler l'économie nationale est désormais
impuissant si l'on conserve de telles structures.
Les
politiques anti-inflationniste ou monétaristes qui ont suivi, ont
provoqué un accroissement monumental du chômage par :
- la priorité donnée à la lutte contre l'inflation au détriment
de la lutte contre le chômage.
- la rigueur monétaire et budgétaire qui s'est substituée à une
politique de grands travaux d'aménagement durable du territoire.
-la volonté d'accroître la demande extérieure au détriment de la
demande intérieure.
L'Etat
Providence s'est transformé en Etat Assistance qui ponctionne des
revenus aux salariés dans le but de les redistribuer aux exclus
afin d'éviter des formes explosives de révolte sociale, sans que
cela stimule pour autant la production nationale. Cette politique
a fait basculer les classes moyennes, taxées au nom de la cohésion
sociale, alors que l'insécurité augmente et que leur environnement
se dégrade, dans l'anti-étatisme. Ce sentiment est utilisé par les
libéraux libertaires, dont Daniel Cohn Bendit et Alain Minc sont
les figures de proue, pour discréditer l'Etat Nation au profit d'institutions
supra nationales qui n'ont de compte à rendre qu'aux marchés financiers.
Le
discours sur la mondialisation s'est, en effet, profondément modifié.
Au départ, elle était considérée par chaque entreprise comme une
opportunité de développement sans contrepartie négative : exporter
devait permettre d'écouler les surplus de la production nationale.
Aujourd'hui, la mondialisation apparaît, chez les tenants de la
"pensée unique", comme un phénomène inéluctable et bénéfique qui
s'imposerait à toutes les entreprises, mais sous la menace de "s'adapter
ou disparaître".
Dans
la réalité, dans le processus d'accroissement de la dimension des
marchés, le franchissement du seuil de la mondialisation, entraîne
des conséquences négatives, voire catastrophiques, très nombreuses
d'un point de vue écologique et social. Nous retiendrons :
-
le développement des transports, lié à l'accroissement de la dimension
des marchés, donc, l'augmentation des pollutions.
- l'hyper concentration urbaine, avec ses corollaires d'uniformisation
culturelle et de montée de la délinquance juvénile.
- la pression des firmes multinationales pour réduire toutes les
contraintes nationales en matière de législation environnementale,
sociale et financière
- des politiques de licenciements liées à des choix stratégiques
qui privilégient la rentabilité à court terme au détriment de la
préservation des écosystèmes économiques qui avaient le mérite d'allier
le savoir-faire des salariés à un enracinement social et culturel
durable.
La
mondialisation des échanges constitue ainsi la base d'une crise
de type nouveau qui débouche sur une récession généralisée de la
demande mondiale (récession signifie ralentissement de la croissance
; depuis l'entrée dans la mondialisation, le taux de croissance
de la production a été divisé par 2,5 dans les pays développés et
par 1,6 à l'échelle mondiale). Un déséquilibre s'installe : pense-t-on
que l'on pourra continuer longtemps l'évolution caractérisée par
le fait que les mouvements de capitaux augmente 10 fois plus vite
que le commerce de marchandises, que le commerce de ces marchandise
augmente 3 fois plus vite que leur production ?
Notre univers est devenu un monde schizophrène où l'atonie de l'économie
réelle, le désenchantement des citoyens est en contradiction avec
l'euphorie des marchés financiers. L'économie réelle est totalement
déconnectée de l'économie financière.
Le
chômage, drame humain :
Le
chômage comme la précarité est un phénomène massif. C'est le problème
structurel qui gangrène l'ensemble de la vie de nos sociétés.
Le chômage n'est que la face émergée de l'iceberg qui touche un
grand nombre de personnes par la précarisation du marché du travail,
par la concurrence exacerbée entre jeunes et vieux, hommes et femmes,
par une remise en cause professionnelle permanente liée aux changements
ultra rapides des techniques de production. Comme l'a montré le
rapport Guaino, intitulé "Rapport au Premier Ministre, chômage,
le cas français" (Documentation Française), c'est 7 millions de
personnes et non pas 3,5 millions, qui sont directement ou indirectement,
touchées par le chômage au travers des différentes formes de précarisation.
Cela
engendre un sentiment de fragilisation structurelle. Nul n'est à
l'abri du licenciement ou de la délocalisation de son entreprise
qui va l'obliger à quitter racines, famille, amis, pour garder ou
retrouver un emploi. Cela induit des comportements de repli sur
soi préjudiciables à l'épanouissement de la vie associative et de
la démocratie. Il introduit une césure durable entre les actifs
et les exclus du marché du travail. Il y a aujourd'hui des milliers
de personnes désintégrées, livrées au nationalisme de quartier,
aux solidarités viscérales de la bande ou de la communauté. Si l'on
n'y prend garde, ces comportements peuvent jeter les bases d'une
société fondée sur le primat absolu d'un individu de plus en plus
ignorant de la société et des valeurs élémentaires de vie en collectivité
qui s'y rattachent.
Le
chômage, résultat d'un choix :
Ce
sont ces raisons-là, et non des raisonnements purement économiques
qui poussent les écologistes indépendants à considérer le chômage
et la précarité comme le problème essentiel dans les économies contemporaines
et à se révolter contre les choix qui ont été faits depuis 25 ans.
En
effet, nous l'avons vu, l'essentiel du chômage provient du choix
initial des années 70 d'en faire la variable d'ajustement à la place
de l'inflation. Et ce choix impliquait celui de la mondialisation
économique dont le trait caractéristique est d'empêcher les mécanismes
stabilisateurs et donc de laisser se développer l'instabilité et
l'insécurité économique à l'échelle mondiale et nationale.
Il
y a 15 ans, le premier apôtre de la mondialisation écrivait déjà
: " Toute économie immergée dans le marché mondial est aussi
plongée dans l'incertitude. Il ne faut pas critiquer l'incertitude
et encore moins s'en abriter prétendument en fermant ses frontières
". (Cicurel)
Les
différentes formes que peut prendre le chômage, chômage d'offre,
lié à l'insuffisance de la rentabilité de la production, chômage
de demande, chômage d'inadaptation sectorielle, toutes ont actuellement
comme facteur essentiel, la mondialisation et ses deux accessoires,
l'accélération des changements non maîtrisés et l'instabilité économique.
A cela s'ajoute évidemment la concurrence " déloyale " faite en
l'absence de protectionnisme douanier, par des pays n'ayant pas
les mêmes règles du jeu. Or, la mondialisation exige à terme la
quasi-disparition des protectionnismes économiques. Et si les pays
du Nord sont touchés gravement, il faut dire que les mécanismes
qui mondialisent et qui de ce fait suppriment toute autonomie économie
des pays, ont des conséquences bien plus graves sur les pays du
Sud en position très difficile.
Des
rapports Nord-Sud désarticulés :
Les
techniques de production des pays développés s'imposent à l'ensemble
de la planète. Or, ces techniques privilégient l'investissement
en capital en économisant la main d'œuvre, ce qui est contraire
aux intérêts des pays du Sud dont la main d'œuvre est abondante
et qui disposent de peu de capital. De plus, ces techniques ne privilégient
pas les économies en matières premières et en ressources naturelles.
Ainsi,
ces techniques chassent les paysans du Sud de leurs terres à cause
de la mécanisation. Ils viennent grossir les bidonvilles et aggravent
les problèmes du chômage, de la criminalité en milieu urbain.
Concentration
urbaine et la désertification rurale et mobilité obligatoire :
L'opposition
ville/campagne semble atteindre un point de non-retour.. Quelques
grandes mégalopoles concentrent de plus en plus de sièges sociaux
d'entreprises, d'activités économiques, et donc, de personnes. Qu'importe
si cette concentration s'accompagne d'un lot toujours plus considérable
d'infrastructures de transport, de maladies liées à la pollution
et au stress, maladies soignées au frais du contribuable. C'est
la rançon à verser à la rivalité impitoyable qui oppose entre elles
les régions riches (la région parisienne opposée à la "banane rhénane"
par exemple).
A
l'autre bout, des régions entières se voient vidées de leur substance.
Les entreprises ferment, les petites villes et les villages se vident,
les services publics, au nom de la rigueur budgétaire sont, un à
un, concentrés vers la métropole régionale.
En
France, jusqu'à maintenant, les pouvoirs publics, dans le discours,
tout au moins, s'opposaient à une telle logique. Avec l'arrivée
de Dominique Voynet au Ministère de l'Aménagement du Territoire,
le masque est tombé. De fermetures de gendarmeries en fermetures
de maternités, il faut bien convenir que la France propose à ses
citoyens deux offres qui ne sont pas de même nature. En ville, le
service de cardiologie, l'opéra et le bureau de l'ANPE. Ailleurs,
dans ce no man's land placé sous la barre démographique, un air
non pollué, la nature et les loisirs solitaires. De qui se moque-t-on
?
L'uniformisation
culturelle :
La
généralisation du mode de vie occidental à l'ensemble de la planète
se traduit par l'uniformisation culturelle et le laminage des cultures
locales nationales.
Aujourd'hui,
d'un point à l'autre de la planète, on roule dans les mêmes voitures,
on s'habille avec les mêmes jeans, on boit les mêmes Coca-cola,
on nous fait manger les mêmes Big Machin, on reçoit la même information
aseptisée par satellite. Les journaux nous assènent tous le même
dogme politiquement correct du libéral libertarisme : la mondialisation
source d'espace, de liberté, face aux rigidités de l'Etat Nation.
Cela
n'est pas encore suffisant pour les grands groupes de communication
américains qui contrôlent l'essentiel du marché. Par l'Accord Multilatéral
sur l'Investissement (AMI), ils voulaient faire tomber les quelques
barrières qui protégeaient encore le livre, la chanson et le cinéma
français. Même s'ils ont pour l'instant échoué, il nous faut rester
vigilants. L'Europe représente pour eux, un marché trop prometteur
pour qu'ils ne renouvellent très rapidement leur tentative, avec
l'aide des très libéraux commissaires européens.
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