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Déséquilibre villes/campagnes

 

Beaucoup de citoyens se demandent à quoi bon vouloir changer de gouvernement, de régime ? En effet, les gouvernements semblent se succéder, mais se ressemblent de plus en plus.

 La question est évidemment pourquoi y a-t-il, existe-t-il une logique commune à tous ces gouvernements ?
Pour le moment chacun dit avoir sa propre ambition, sa propre politique, mais en réalité tous ont en commun le même type d’ambition : une ambition d’ordre économique. L’espoir, notre espoir, est d’arriver à sortir de ces ambitions axées sur l’économie, c’est-à-dire de ces ambitions dont l’économie, l’efficacité économique et même la rationalité restent bon an mal an, le critère.
Le problème de fond qui apparaît est le lien qui peut exister entre d’une part, le cadre où chacun de nous se trouve enfermé, et d’autre part, nos possibilités réelles d’agir sur la société.
Peut-on par exemple, changer le type d’ambition que nous voulons avoir, dans le cadre du système productiviste actuel ? C’est-à-dire, dans le cadre des grandes villes hideuses, aux quartiers spécialisés et aux déplacements interminables, des grandes villes où l’on est obligé de résider, dans le cadre général de la poursuite de la concentration urbaine.

Peut-on réellement vouloir changer de type d’ambition, tout en acceptant par exemple les contraintes entraînées par l’acceptation de la logique de la croissance urbaine.
Peut-on, en même temps, espérer changer d’ambition tout en acceptant aussi, la logique du « regard instrumental » qui est la conséquence de cette urbanisation ?
En  bref, peut-on espérer changer d’ambition, tout en acceptant le déséquilibre croissant depuis 50 ans, entre le monde urbain et le monde rural ?
Dans le cadre de ce courant de changement, certains espèrent développer une société « paisible et chaleureuse », une société « autonome et solidaire », une société voulant concilier « l’écologie avec la liberté » et essayant de rechercher à la fois « l’équilibre et l’harmonie ».
Cela représente des objectifs et un idéal évidemment très différents de la société actuelle où la primauté est donnée à la recherche de la rationalité et de l’efficacité économique.
  Serait-il possible d’espérer atteindre la société dont nous venons de parler, tout en acceptant les caractéristiques actuelles d’une société productiviste, en particulier, le déséquilibre urbain/rural ?

Nous ne croyons pas non plus !
C’est peut-être pour cela qu’une des caractéristiques principales de nos hommes politiques est leur refus de « reconnaître » les opinions des Français moyens qui leur déplaisent. Plutôt que de s’y opposer, ils préfèrent les ignorer. Parmi elles, il en est une qui semble particulièrement remarquable dans sa permanence, et remarquable par l’hypocrisie des déclarations qui lui est associée : la dénégation de la volonté des Français de retrouver un équilibre entre le monde urbain et le monde rural, c’est-à-dire la dénégation de leur volonté de refuser la politique actuelle qui accentue ces déséquilibres.

Mais, de quels déséquilibres parle-t-on ? Nous parlons ici, de deux déséquilibres acceptés et voulus par les hommes politiques actuels de droite et de gauche. Le premier est le déséquilibre à l’intérieur du territoire français entre d’une part, le territoire urbanisé qui concentre l’essentiel de la population, et d’autre part, le reste du territoire, le « désert français » comme déjà l’avait appelé J.F. Gravier. Le second et le plus important de ces déséquilibres concerne la volonté des Français : on constate, alors que les Français, dans leur grande majorité, rêvent de vivre à l’intérieur d’un habitat de type rural, alors que la grande majorité des habitats proposés à ces Français est de type urbain. Comment est-ce possible ? Comment est-il possible non seulement d’ignorer, mais encore d’aller carrément à l’encontre d’une volonté fondamentale des habitants et cela depuis 50 ans ?
Mais quels sont les faits ? Que nous disent les chiffres exacts ?
Aujourd’hui, plus de 76 % de la population vit dans les aires urbaines (villes, banlieues, espaces soumis à leur influence directe). Cette population urbaine est concentrée sur 100 000 km2 (par rapport au 554 000 km2 de l’ensemble du territoire français). L’Ile-de-France est un exemple particulièrement marquant de cette situation : avec 11 millions d’habitants, cette région représente 19 % de la population française ; elle n’occupe par  contre que 2,2 % du territoire national.
Quand on ajoute que cette région capitale concentre déjà à elle seule, 26% du revenu national, 27,6% du PIB (soit 1,6 fois le PIB de la Belgique), 25 % des PME, 30 % des universitaires, 38% des cadres, 40% de la recherche publique, 55% des chercheurs privés, 68% des crédits du ministère de la culture, 78 % des sièges sociaux des 200 plus grandes entreprises, 80% des marchés boursiers et 90% de la dotation de l’état pour les transports collectifs urbains, qu’elle attire aussi, 37,8% des cadres et professions intellectuelles supérieures, on se rend compte de l’ampleur du déséquilibre que les Français refusent.

La population rurale française, elle, est de 14 millions d’habitants (pour un total de 58,5 millions en 1999, soit plus de 24 % de la population totale) mais elle occupe par contre 443 000 km2 du territoire national. Ces chiffres parlent tout seul de ce déséquilibre entre monde rural et monde urbain. Mais, la question qui reste la plus importante :
Cette situation a-t-elle été voulue par les intéressés ?

La réponse est claire, depuis 45 ans, tous les sondages et les enquêtes montrent que les Français en majorité rêvent de s’établir en milieu rural, de maintenir et de développer son existence plutôt que l’inverse. Un des récents sondage autour de thème réalisé par l’IFOP, le 23 avril 1999 pour le Sénat sur le thème : « Le regard des Français sur l’aménagement du territoire ». D’après ce sondage, pas moins de 44 % des Français aspiraient à vivre dans une commune rurale, 26% dans une ville moyenne de province, 11 % dans une petite commune périurbaine, 9 % dans une grande ville de province, 5 % dans une ville de la banlieue parisienne, 4 % à Paris même (1% ne se prononçant pas).

En effet, tous les jours, il est possible d’entendre des ruraux s’inquiéter de la grave désertification de leur pays, alors que simultanément, de nombreux habitants des villes et surtout des grandes villes se plaignent des dégradations qu’ils subissent du fait de la surdensification de ces villes. Ce déséquilibre croissant entre les villes et le monde rural peut-il continuer à être supporté par la France ? Une telle absurdité qui ne profite à personne et qui est surtout destructrice, sera-t-elle longtemps supportable, même si  dans le monde productiviste, elle se justifie par le critère de la compétition ?

 

   Pour essayer d’y répondre, une question supplémentaire devrait être posée : qu’est-ce qui permettrait de rééquilibrer le poids relatif des villes et des campagnes ? Qu’est-ce qui permettrait au citoyen de pouvoir choisir librement le type d’habitat qu’il préfère ?
 Pour répondre à cette question, il faudrait de plus, savoir pour quelles raisons les villes ont évolué jusqu’à atteindre l’asphyxie, souvent malgré les aspirations de leurs habitants, et pour quelles raisons parallèlement, les campagnes, le monde rural se sont, d’une façon générale, dépeuplés.
Se sont-ils dépeuplés sous l’influence des habitants des grandes villes ? Se sont-ils dépeuplés parce que leur mode de vie est entré en contradiction avec les aspirations de la population ?
 Ce sont ces deux causes qui sont en général mises en avant. Pourtant, avant de répondre à ces questions, il vaudrait mieux d’abord savoir aussi quelles sont les catégories d’individus qui sont à l’origine de ces phénomènes.
 Une chose est certaine, à la première question posée, la réponse est que, force est de constater que ce ne sont pas les masses d’individus habitant les villes de gré ou de force, c’est-à-dire les individus urbains, ce ne sont pas les urbains en tant qu’individus, qui ont voulu par eux-mêmes le dépeuplement des campagnes, qui sont à la l’origine de ces évolutions ; ils semblent tout autant soumis à des phénomènes qui les dépassent, que les catégories rurales. Et d’ailleurs on ne leur a jamais demandé leur avis. Nous parlons évidemment ici, des masses d’individus et non des élites dominantes. Car, ces individus urbains semblent souffrir d’autant de problèmes sinon plus que les masses d’individus ruraux : inutile d’insister  sur le développement des déplacements, sur le temps passé dans les transports, sur les fatigues et les pollutions que cela engendre, sur les grands ensembles hideux et démoralisants
Peut-on réellement croire que c’est cela qui représenterait une victoire et un gain des urbains sur les ruraux ? Non, la réalité est que les uns comme les autres semblent être dominés par des phénomènes qu’ils ne maîtrisent pas ; certains d’entre nous ont déjà contribué à sa description à travers le concept de « ville productiviste ».
Ce monde rural ne s’est pas non plus dépeuplé par l’effet d’une contradiction avec les aspirations de la population. Tous les sondages et les enquêtes menés depuis 45 ans montrent en effet, que la majorité des Français rêvent au contraire de s’établir dans le milieu rural et de le maintenir plutôt que l’inverse.
C’est plutôt malheureusement cette situation inverse qui s’est établie progressivement ; nous allons voir pourquoi.
Nous venons d’évoquer le concept de « ville productiviste ». Ce concept dérive en fait directement de la réalité vécue par les citoyens, la domination du système productiviste.
 Mais ce système productiviste ne se contente pas de dégrader les villes, car la domination de la notion d’efficacité économique se généralise à tout et a, en particulier, contribué largement à vider le monde rural de ses populations et de son activité. C’est pour cela qu’il est vain et dérisoire d’opposer le monde des villes au monde des campagnes. À l’heure actuelle, ces deux mondes sont dominés par ce même système
Car, en fait, qu’est-ce qui est à l’origine de la volonté pour les individus de se localiser à tel ou tel endroit ?
La première réponse est d’abord, la possibilité d’y trouver un emploi, une activité rémunératrice.
Et là, on le sait, se trouve  l’explication de base du développement exagéré des villes et des grandes villes ; car c’est uniquement ans ces villes et dans ces grandes villes que tendent à se concentrer les emplois et les activités. D’abord évidemment, les activités des industries et des activités économiques en général. La tendance à la concentration économique est en effet, connue.
Par contre, on insiste moins sur le corollaire, l’abandon de la localisation des activités économiques dans les campagnes. On insiste encore moins, sur un phénomène  volontariste et revendiqué de « rationalisation » de toutes les formes d’activités liées à ce que l’on pourrait appeler des services publics : on a tous les jours en tête, les noms des derniers tribunaux devant être abandonnés, qu’il s’agisse des tribunaux des prud’hommes ou des tribunaux d’instance.