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Ecologie,souverainisme et régionalisme

Écologie, souverainisme et régionalisme

Depuis longtemps, des tragiques de la Grèce antique jusqu’au philosophe Miguel de Unamuno, on sait que les décisions des hommes sont rarement des choix simples entre le Bien et le Mal, mais qu’elles sont plutôt des choix entre deux « valeurs », entre deux avantages.
Ainsi, bien souvent, la souverainisme est-il présenté comme le Bien contre le Mal que serait le « régionalisme » et réciproquement, le régionalisme est présenté par d’autres, comme le Bien contre le Mal que serait le souverainisme.
C’est donc pour aller plus loin, à partir de cette conscience de la valeur du tragique de la condition humaine, pour aller plus loin, à partir de la conscience que la réalité est constituée de conflits de valeurs entre deux Biens, que des hommes et des femmes qui se sentent simultanément « souverainistes » et « régionalistes »,  ont réfléchi et tentent d’expliquer en quoi et pourquoi, ils se considèrent comme étant les deux à la fois, justement à partir de ç conscience d’écologiste.

 

   - Les fondements de la cité

Ce texte a donc une origine ; le fait qu’existe un groupe d’hommes et de femmes qui se considèrent comme indissociablement et simultanément
    -    écologistes

  • souverainistes
  • et régionalistes

Pour eux, en effet, cela représente trois combats simultanés, car ces trois combats partent du même respect pour les mêmes valeurs et constituent les premiers fondements de la cité dont les autres principes procèdent :
Ce sont

  • la valeur d’un individu unique, libre et aimant, comme Dieu a voulu que soit chacun de nous dans la tradition judéo-chrétienne, et ce qui en découle,  à savoir, la liberté de ne pas aimer celui qui vous aime précisément ou qui voudrait être aimé de vous. C’est cela la condition tragique, c’est-à-dire le conflit entre les deux valeurs que sont l’amour et la liberté.
  • la valeur de ce caractère conflictuel, c’est-à-dire « tragique » de la condition humaine, de la condition de chaque homme écartelé normalement entre le désir d’être aimé et la possibilité inhérente à sa liberté de ne pas aimer,
  • la valeur des diversités, de toutes les diversités et en particulier des diversités « nationales et régionales ».

Nous sommes donc, des écologistes, des écologistes pour qui, dans cette tradition judéo-chrétienne, la valeur de l’homme individuel est indissociable de la valeur de la nature, et de la société dont il fait intégralement partie.

L’homme vit normalement, dans un univers « naturel » qui n’est pas un simple produit à exploiter. Cette nature a sa beauté, sa grandeur, ses fragilités, ses limites, parfois bien connues, parfois à découvrir et à traiter avec prudence. Mais, construire la beauté de cet environnement humain fait partie aussi des tâches que Dieu, dans cette tradition, a laissé à l’homme pour qu’il soit à son image. C’est l’immense tâche qui incombe à l’art, aux artistes et à tout homme : créer de la beauté, modifier la matière pour la plus grande gloire de Dieu, en exaltant chaque identité particulière, c’est-à-dire l’identité de chaque artiste, de chaque culture, de chaque homme.

D’après cette tradition chrétienne, toute atteinte à n’importe quel homme individuel est une atteinte à la Nature ; toute atteinte à la Nature est en même temps, une atteinte à n’importe lequel d’entre nous. Le grand penseur grec Aristote et plus tard saint Thomas, à dix sept siècles d’intervalle, ont eu la même vision de l’homme : tous les deux le pensaient comme faisant partie de la Nature, ce qui  ne l’empêchait pas, loin de là, d’être en même temps, partie prenante de la société. Ainsi Aristote, dont le théologien saint Thomas d’Aquin fut un admirateur, définissait-il l’homme comme un « animal politique, comme un animal social ». Aujourd’hui, habitants de la terre, nous le sommes aussi de notre cité. Fabriqués par nos cultures nationales, nous recherchons de plus en plus des repères régionaux, à travers les paysages, les petites complicités quotidiennes, les langues populaires.

Dans cette tradition, nous pensons aussi que chaque homme est un être unique et incomparable et que cette valeur d’un homme unique et incomparable est une valeur universelle. C’est d’ailleurs elle, qui fonde aussi, les « Droits de l’Homme ».

C’est aussi, à partir de là qu’est né au Québec le terme de « souverainisme », de la révolte du peuple francophone québécois contre l’État fédéral canadien ; et qu’il est employé pour éviter le terme de « nationalisme » qui parfois peut faire appel à une agressivité, à une recherche de puissance que nous ne partageons pas.

-     Autonomie ou puissance

Il est évident que dans cette conception qui privilégie l’homme unique et la diversité, la démocratie devient le moyen politique le plus adapté. Mais pour cela, la démocratie doit respecter plusieurs principes.
Le premier est la primauté du politique sur l’économique. L’homo economicus n’existe que dans des visions naïves ou intéressées. L’homme en société pense, rêve, agit de mille manières qui ne peuvent se réduire à la production et à la consommation.

Le second principe est la primauté de l’autonomie sur la puissance. Ce choix de l’autonomie est une lecture stricto sensu, du principe de subsidiarité : « une compétence peut être transférée à l’échelon supérieur seulement si elle ne peut pas être exercée à l’échelon inférieur ». Ce que la Commune peut accomplir ne peut être transféré à la Région, ce que la Région peut accomplir ne peut être transféré à l’État, ce que l’État peut accomplir ne peut être transféré à l’Union Européenne.

Le troisième principe est qu’un pays est d’autant plus démocratique que le niveau de décision moyen est bas ; c’est encore une des formes d’application du principe de subsidiarité. Un tel principe va à l’encontre de la réforme récente des collectivités locales qui globalement, a fait monter le niveau de décision.

Le quatrième principe est celui de la légitimité de l’autorité qui détient le « monopole de la violence légitime ». Il nous paraît évident que dans l’esprit public européen et français d’aujourd’hui, c’est fondamentalement l’État Nation qui dispose de cette légitimité. Reconnaissons cet état de fait et respectons le.

Alors, où nous situons-nous ?

Nous constatons que les mondialistes, les partisans de l’Europe institutionnelle et libre échangiste de Maastricht et les nationalistes jacobins ensembles, privilégient la montée du niveau de décisions ; ils préfèrent l’efficacité et l’unité, au respect des particularités, et de la diversité ; ils préfèrent les gains de puissance aux gains d’autonomie.

Nous sommes pour une forme d’Europe politique, celle des pères fondateurs qui poursuivaient deux buts, la paix entre États européens, après deux désastres en 30 ans et la place de l’Union Européenne dans le reste de l’Europe et dans le reste du monde. Le premier  objectif, celui de paix est heureusement atteint, mais demande une gestion légère et subtile des relations intra-européennes, qui n’a rien à voir avec l’encadrement pointilleux de la vie quotidienne, que nous subissons aujourd’hui. Pourrions-nous cesser au nom de l’écologie, de démoraliser les opinions publiques nationales (par exemple, est-il indispensable d’exaspérer les chasseurs de France, jusqu’à les pousser à des attitudes poujadistes ?) ?

Consacrons-nous à la tâche fondamentale qui est de renforcer la position de l’Europe dans le monde. Aujourd’hui, en économie, la plupart des mesures structurelles européennes sont des adaptations à la grande fête libre-échangiste mondialiste, qui renforce les forts et affaiblit les faibles. Aujourd’hui, en politique, de la Tchétchénie au Kososvo, en passant par l’Afrique, les États de l’Europe de Maastricht ont abandonné volontairement leur souveraineté.

-     Souverainisme et diversité

Nous sommes souverainistes. Le fondement de la souveraineté se trouve dans la volonté qu’ont les individus et les collectivités de se regrouper pour préserver leur liberté et leurs particularités, et pour les protéger des menaces uniformisatrices ou oppressives venant de l’étranger. Notre souverainisme est donc un mouvement qui défend ce qui vient d’en bas (qui vient du sentiment public), qui se fait au nom de la valeur et de la défense de la diversité, qui se fait à partir d’objectifs universalisables (qui va, bien entendu, jusqu’au droit à la sécession, à l’indépendance, chaque groupe choisissant son avenir).

Nous sommes régionalistes ; nous souhaitons en France, un puissant mouvement régionaliste et décentralisateur, qui n’est en rien contradictoire avec un État reconnu et efficace. Nous regardons nos voisins. Depuis cinq cents ans, avec des difficultés bien plus considérables que celles que la France a connues, la Suisse s’est construite sur le respect de la diversité et de l’autonomie des États qui la composent ; elle existe encore et s’en porte bien !
Malgré les pressions centralisatrices et uniformisatrices de la Prusse bismarckienne, au XIXème siècle, l’Allemagne a mis en place une organisation beaucoup moins centralisée que celle de la France. Il en est de même de l’Italie, et de l’Espagne. Chacun de ces pays a compris que l’existence de la souveraineté nationale était le meilleur moyen de défendre sa diversité. Et, réciproquement, les collectivités « régionales » ont compris aussi que cette souveraineté nationale était un moindre mal, qu’elle était le meilleur moyen pour développer leur identité contre des menaces étrangères, contre des forces uniformisatrices, comme l’a symbolisé en France la Fête de la Fédération, à l’époque révolutionnaire.
Autrement dit, nous sommes des écologistes qui, à partir de la reconnaissance de cette tradition chrétienne, veulent défendre en même temps et avec la même énergie, la souveraineté nationale et les autonomies régionales.
Car, dans cette volonté, c’est en fait la défense de la même réalité qui est en jeu : la capacité collective et individuelle d’être plus autonome, d’être plus indépendant.

François DEGANS
Président de la Confédération
des Écologistes Indépendant