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Ce que nous voulons

Partout dans le monde une logique commune est à l'oeuvre - construire un mouvement d'opposition au système dominant

C’est la réalité du monde qui détermine notre comportement en tant qu’organisation. Ce n’est pas pour assurer la survie de notre organisation, mais pour répondre aux nécessités de notre temps, nécessités qui nous concernent tous, que nous nous adressons à vous.
Partout se dessinent des mécanismes que rejettent les populations, mais qui sont encouragés et provoqués par la majorité des décideurs

Partout dans le monde, une logique commune est à l’œuvre

C’est un même phénomène que l’on retrouve partout, aussi bien chez nous, à l’Ouest, qu’à l’Est, dans ce que l’on appelle les pays communistes. De nombreux exemples se présentent pour nous faire réfléchir et éviter que nous ne nous trompions d’ennemi, une fois de plus.

Ainsi, en Chine, le gouvernement impose à la paysannerie une fiscalité beaucoup plus lourde que celle qui pèse sur les habitants des villes, ce qui oblige les paysans à l’exode rural. C’est la forme nouvelle de la vieille constante qu’est l’exploitation du monde rural par le monde urbain. Mais, à cette nouvelle réalité s’en ajoutent d’autres : des milliers de villages engloutis sous les eaux, des millions de personnes déplacées par la construction du barrage géant des Trois-Vallées. Sous l’égide du gouvernement communiste, les vieilles maisons de Pékin sont détruites et remplacées par des buildings de béton.

Comment ne pas voir l’analogie avec ce que ressentent les Européens, les Français devant l’abandon de territoires entiers livrés à la friche, la destruction des sols et la pollution des nappes phréatiques par ailleurs, la surconcentration des populations dans quelques grandes agglomérations « privilégiées », le phénomène de « destruction des villes en temps de paix » comme c’est observé dans notre vieille Europe chargée d’Histoire.

Les pollutions de toutes sortes, le monde invivable parce qu’inhumain que l’on nous prépare, s’il n’est pas déjà là, on peut le retrouver aussi bien à l’Ouest qu’à l’Est. En effet, les marées noires, l’explosion des usines AZF, c’est en France, en pays capitaliste. Mais Tchernobyl, la disparition de la Mer d’Aral, et aujourd’hui, le barrage des Trois-Vallées en Chine, c’est sous des régimes communistes.

On comprend donc que les marchés financiers ou les fonds de pension américains ne permettent pas d’expliquer l’ensemble de ces dégradations. Certes ces explications ont eu du succès et en ont encore, car elles désignent un ennemi concret, visible : tout est simple.

Mais à l’heure actuelle, elles ne sont plus suffisantes et il faut faire l’effort d’analyser la réalité qui est beaucoup plus complexe qu’on ne le dit généralement. Il faut donc aller au-delà de ces explications dépassées. Recherche du profit ou pas, une logique est à l’œuvre : logique d’un «système dominant» qui intègre lui-même deux autres systèmes : un système de valeurs, de comportements d’une part et un système plus « matériel » d’autre part.

Le système de valeurs à l’œuvre, à la fois en Chine, aux USA et en Russie, peut être nommé de façon rapide l’économisme ; mais il est inséparable de ces mentalités, de ces regards qui ne voient en toute chose ou en tout être, même l’être humain, qu’un instrument ; il est donc inséparable de ce que l’on peut appeler un regard instrumental ; il est donc assimilable à une vision utilitariste ou à une vision fonctionnaliste. Pour parler autrement, peut-on aller jusqu’à dire que ces regards, que ces visions sont le fondement de la tendance à ne voir en tout qu’une marchandise.

Enfin est-ce un hasard si l’on a pu voir bras dessus, bras dessous, les 3 présidents d’une nouvelle alliance productiviste, Bush, Poutine et le président chinois ? Il est peu probable que cela soit un hasard quand on s’aperçoit que l’accord de ces trois chefs d’Etat, est en fait associé à la fois au système de valeurs dont nous venons de parler et en même temps à l’encouragement du bloc d’évolutions dans lesquelles nous sommes enfermés, bloc d’évolutions et de mécanismes qui représentent un système beaucoup plus matériel et beaucoup plus lourd que les systèmes de valeurs pré-cités.

Le système matériel et le système de valeurs ont des liens étroits entre eux, et l’on ne sait des deux, lequel est la cause et lequel est l’effet, mais c’est l’ensemble des deux que nous appelons productivisme. C’est ce productivisme qui est donc, actuellement le système dominant dans le monde et ce sont donc, ceux qui en souffrent et ceux qui se révoltent contre lui, qui doivent se rassembler.

L’absence d’explication globale et le vide politique

Face à ce productivisme et aux dégradations qu’il entraîne – comme le chômage, la précarité persistante, la baisse de la biodiversité, de la diversité culturelle, de la liberté, l’augmentation des pollutions et des destructions comme celles que nous avons évoquées plus haut, aucun parti actuellement en France, n’affiche une volonté claire d’inverser les évolutions et les mécanismes qui en sont la cause.

Ainsi, aucun parti politique ne déclare aujourd’hui vouloir inverser les processus d’hyper concentration des activités, d’accroissement de l’obligation de mobilité des hommes, ou de montée du niveau de décision, pour les faire revenir en deçà de seuils dangereux pour les équilibres.

Aucun parti politique de gouvernement ne déclare vouloir réduire l’éloignement entre producteur et consommateur, qui rend difficile, voire impossible, tout contrôle direct par le consommateur. Or, cet éloignement a par exemple, favorisé la « mal bouffe » avec le point culminant que l’on connaît : le problème de la vache folle… Or, cet éloignement est aussi à l’origine de l’augmentation de la pollution atmosphérique avec un trafic international sans limites.

Autrement dit, aucun ne déclare vouloir inverser le processus d’accroissement de la dimension des marchés. Aucun ne propose par exemple, la reconquête du marché intérieur comme moteur de l’activité économique. Tous, au contraire, ne semblent jurer que par le développement des exportations…

Pourtant, comme le révèlent de nombreuses enquêtes et sondages, les Français et les Européens ressentent une hostilité vis-à-vis de ces évolutions qu’on leur impose. Ils ne font plus confiance dans les grands partis actuels.

En fait, les partis politiques, par la pauvreté de leur programme, par le fait qu’ils ne prennent pas en compte les inquiétudes des électeurs, sont responsables de la crise politique actuelle. Cette crise a une origine certaine : l’impression que ça ne sert à rien de voter parce que tous ceux qui arrivent au pouvoir font finalement la même chose !
Une évidence se dégage sur l’échiquier politique français, une quasi-majorité de Français et leurs orientations n’ont pas d’expression politique.

Ce manque est double : absence de l’expression politique de la volonté d’inverser radicalement les tendances lourdes de la société et aussi, absence due à l’incompréhension d’une réalité profonde de la façon dont les Français vivent la politique, c’est-à-dire manque de compréhension d’une nature apparemment contradictoire des Français.

En effet, aux yeux d’observateurs, superficiels les Français sont accusés de faire coexister deux tendances incohérentes : l’une qui sera présentée comme « conservatrice » et l’autre qui sera présentée comme étant « révolutionnaire ».

Ce que veulent les Français

En effet quand les Français veulent inverser les évolutions qu’ils considèrent comme dangereuses - accroissement de la dimension des marchés, exode rural, concentration urbaine, montée du niveau de décision, etc - ils sont à contre courant de ce que préconisent les « décideurs », les responsables de nos administrations et les Français apparaissent à ces derniers, soit comme des « révolutionnaires », soit, diraient d’autres, comme des protestataires ou pire comme des populistes.

Parallèlement, les mêmes Français qui veulent un changement radical d’orientation ne veulent pas le faire à n’importe quel prix. Ils ne veulent pas le faire au prix de cette « sagesse populaire » qu’il y a 150 ans Dickens décrivait avec admiration et qu’il avait coutume d’appeler la « common decency ».

A l’instar de George ORWELL que J.C. MICHÉA, philosophe montpelliérain, a décrit comme un « anarchiste conservateur », nous pouvons dire aussi de ces mêmes Français que tout en ayant un aspect révolutionnaire , ils sont toujours aussi profondément conservateurs.

Car les Français intuitivement ont compris, comme le dit le philosophe que « devant ces menaces accumulées …. il ne peut y avoir, désormais aucun monde à gagner si nous croyons n’avoir seulement que des chaînes à perdre. En vérité, il y a aussi des liens à préserver, des fidélités à maintenir, en un mot, une civilité à défendre, qui est le socle nécessaire de toute vie heureuse.

C’est ainsi que nous devons apprendre à protéger en nous la faculté, infiniment précieuse et terriblement menacée, d’avoir avec les lieux, les êtres et les choses des relations qui ne soient pas toujours rationnelles. En ce sens, être radical ne peut pas simplement signifier faire du passé table rase, attendu que le capitalisme s’en charge très bien tout seul ». ( La Revue MAUSS 1995).

Dit de façon plus courte par le même auteur : « Faute de s’appuyer consciemment sur les aspects positifs du passé, les combats livrés contre la servitude moderne sont nécessairement promis à un échec radical et définitif. »

Actuellement, les Français ne peuvent pas exprimer politiquement cette double aspiration ; ils ne peuvent qu’être politiquement frustrés : s’ils veulent exprimer leur désir de changement, s’ils veulent donner la priorité à l’inversion des grandes évolutions dangereuses, ils ne trouvent pas de réponse dans ce que proposent les grands partis. Ils sont obligés de faire appel à des groupuscules dont la plupart ne sont pas conformes à l’esprit conservateur de type orwellien.

En revanche, si par crainte de donner le pouvoir à des gens qui « veulent faire du passé table rase », ils maintiennent celui des grands partis, ils sont aussi frustrés car c’est leur volonté de changer les grandes évolutions qui est fondamentalement niée.

Les Français cherchent donc à tâtons un discours qui leur semblerait être plus porteur des changements auxquels ils aspirent.

Les dernières élections de 2002 en ont été la démonstration, élections au cours desquelles ils ont en quelques jours occupé les deux positions du balancier. Au premier tour des présidentielles, dans leur volonté de remettre en cause le système dominant, les Français ont satisfait leur désir d’avertir les responsables de leur résistance par un vote protestataire (aspect révolutionnaire des Français), ils n’ont eu à leur disposition que des expressions extrêmes (FN ou extrême gauche). Devant le résultat engendré, leur vote s’est déplacé de l’autre côté du balancier (aspect conservateur des Français) en votant Chirac.

En fait, si les Français souhaitent manifester leur refus de certaines évolutions, ils ne sont pas prêts à le faire à n’importe quel prix. Au 2e tour, devant le résultat engendré, inquiets sur le respect de leur autre face politique (on ne fait pas les changements n’importe comment !), les Français ont finalement renoncé à voter Front National et ont donné massivement leur voix à un représentant plus modéré, mais qui ne les satisfaisait pas pour autant.
Il n’existe donc pas de véritable alternative crédible, et pour cause : il n’existe pas encore de véritable « mouvement d’opposition » !

Cette opposition est donc à construire.

Cette opposition n’est donc pas simplement une opposition à une équipe de gouvernement, ce n’est pas non plus l’opposition d’un clan à un autre clan, de la droite contre la gauche, une opposition politicienne.

On se trouve devant un monde dangereux et refusé par la population. C’est le même bloc de phénomènes qui a détruit nos villages par l’exode rural, qui a détruit nos villes par la sur concentration urbaine, qui accroît l’obligation de mobilité et réduit la diversité, qui plus récemment a multiplié le chômage et les inégalités, qui a démantelé la protection sociale dans de nombreux pays du Sud.

L’ensemble des victimes, l’ensemble de ceux qui ont conscience de ces diverses dégradations, et qui les refusent, doivent se rassembler. Ainsi, paysans refusant la « mal bouffe », citadins hostiles aux conditions de vie des grandes agglomérations, tiers-mondistes, tous ceux qui pour des raisons sociales, écologiques, esthétiques, sont des alliés objectifs.
Il s’agit de créer une opposition radicale avec la volonté d’inverser certains mécanismes et processus qui nous oppriment.

Nous voulons une opposition aux « systèmes » qui dominent dans le monde, une opposition à la primauté de la rationalité économique, qu’elle soit collectiviste ou capitaliste. Nous ne sommes donc pas contre la rationalité, mais contre la primauté de la rationalité économique, car c’est cette primauté, cette adaptation de l’économie au système productiviste, qui engendre les grandes évolutions que nous dénonçons.

Comme nous l’avons vu, nous sommes face à une logique en œuvre dans le monde entier et la mondialisation économique en est le couronnement. L’opposition à cette logique est à construire un peu partout. Il faudra donc un mouvement mondial, mais commençons à construire ce mouvement en France. Il nous faut agir chez nous, retrouver notre souveraineté et tendre la main aux peuples qui luttent pour leur autonomie pour qu’un maximum de peuples soient maîtres chez eux.

Lutter contre,
mais aussi lutter pour…


Mais, si la victoire suppose une force, un rassemblement, si ce rassemblement doit avoir un adversaire bien ciblé, réel et non une chimère, cela ne suffit pas. On ne peut se contenter de se rassembler « contre ». Un rassemblement exige aussi un minimum de projet commun qui soit en cohérence avec l’analyse et la désignation de l’adversaire.

Il est important que nous participions à la construction d’un rassemblement d’opposition au système dominant dans le monde, c’est-à-dire au productivisme, parce que depuis 25 ans nous travaillons à l’élaboration d’un projet alternatif. Un projet alternatif doit répondre à ces questions : quel est le type d’alternative au productivisme ? Est-ce une économie de marché ? Y a-t-il des économies de marché compatibles avec notre projet ? Lesquelles ?

Une économie régulable et régulée par le citoyen est-elle automatiquement une économie plus étatisée ? Quel type de Services Publics ?

Nous avons des propositions à faire, nous pouvons apporter notre contribution théorique à ce qui est indispensable pour le grand mouvement d’opposition au productivisme.

Pour notre mouvement,
la CEI-MSR


On entend regretter partout la division des écologistes. Mais qui est véritablement écologiste ? Ceux qui hurlent le plus en se revendiquant de cette étiquette tout en acceptant les mécanismes qui détruisent les équilibres écologiques ? Ou ceux qui se battent contre les mécanismes à l’origine de ces déséquilibres, sans pour autant se nommer écologistes ?

Pour nous, les premiers, non seulement ne sont pas objectivement écologistes, mais ils sont objectivement anti-écologistes. Et ceux qui se battent contre ces mécanismes sont objectivement les « écologistes » qu’il faut rassembler.

Si notre mouvement se présente comme étant essentiellement un mouvement écologique parmi d’autres, il ne sera jamais que la 4ème roue de la mouvance écologique. S’il se présente comme étant essentiellement un mouvement souverainiste, il ne sera jamais que la 5ème roue de cette tendance, etc… Nous refusons d’être cela.

En revanche, si nous travaillons pour le rassemblement de ceux qui veulent donner une expression politique aux Français d’opposition, qui veulent inverser les évolutions motrices, tout en étant respectueux de la dualité de leur tendance à la fois « conservatrice » et « révolutionnaire », alors cette volonté d’inversion sera le signe que nous serons de véritables écologistes, c’est-à-dire, qui se donnent les moyens de lutter contre les causes des dégradations, de véritables socialistes qui pourront effectivement lutter pour la justice, de véritables souverainistes qui pourront redonner à leur pays la maîtrise de l’avenir, de véritables libéraux qui pourront restaurer effectivement toutes les libertés pour tous les citoyens (comme la liberté d’entreprendre pour les 15 millions de Français qui en rêvent).

Donc, non seulement nous sommes bien décidés à participer à la construction de ce rassemblement, mais aussi bien décidés à ne pas refaire à travers lui, les erreurs du passé.
Non, l’alternative au système dominant n’est pas l’absence de marché, n’est pas la propriété publique et la centralisation.
Non, refuser à l’inverse la planification centralisée, ce n’est pas accepter les « ouvertures économiques » sans limites, ce n’est pas accepter la mondialisation économique et le libre-échange sans entraves. Ce rassemblement devra donc éviter ce double piège.


Cela impliquera de remplacer cette mondialisation par la coexistence pacifique d’économies internationalisées mais autonomes, d’économies où enfin, puisse apparaître un rôle moteur des demandes intérieures, où donc on puisse revoir la possibilité de politiques économiques nationales et la suprématie de la volonté politique sur les phénomènes économiques.

De même, une lutte contre la mondialisation économique ne peut exister réellement sans une lutte pour la souveraineté économique, et celle-ci ne peut se faire sans la souveraineté politique.

Mais, pour aller plus loin, si l’on reconnaît que ces luttes sont indissociables, on doit, afin d’assurer leur succès, se donner pour tâche de rassembler tous les acteurs de ces types de
luttes : ceux qui luttent pour la souveraineté politique contre le projet de « constitution européenne », ceux qui s’opposent à la mondialisation économique en général comme ceux qui défendent en particulier la souveraineté alimentaire pour tous les peuples comme José Bové.

Enfin, il faut se rappeler que les moyens les plus importants n’ont de sens auprès des citoyens, que si l’on sait à quoi ils servent. La souveraineté économique, la souveraineté politique, l’anti-mondialisation sont surtout des moyens. Pour savoir quel est leur rôle central, pour savoir quel est ce qui peut constituer pour les souverainistes, un ensemble d’objectifs communs minimaux, une méthode : chercher ce que leur absence rend impossible ou de plus en plus difficile. La réponse arrive vite : les équilibres écologiques, la lutte contre le chômage, le maintien des acquis sociaux, la défense des identités culturelles, la paix mondiale et le maintien des services publics. Cette réflexion est à développer parallèlement à la construction du mouvement d’opposition.


Nous sommes actuellement les seuls à faire, en tant qu’organisation politique, ces propositions.
A cause de la nécessité impérieuse d’être un maillon de la construction d’un vaste mouvement d’opposition contre le système dominant, contre le productivisme, le développement actuel de notre mouvement est important et votre soutien, sous n’importe quelle forme, est décisif.


Merci d’avance.

François DEGANS
Président de la CEI-MSR